TROP TÔT, C’EST TROP TARD
Tout à commencé par un je t'aime. Ensuite c'était le mariage. J'ai cru rencontrer un ange sur terre, le prince de mes histoires, l'homme de ma vie comme on dit. Le père de mes deux enfants...
Je m'en souviens comme si c'était hier :
Le premier sourire
Le premier baiser
La première tendresse
La première insulte…
Oui Je me souviens du premier coup. J’ai eu si mal. Mais je ne pouvais pas crier ; fallait pas inquiéter mes bébés qui dormaient dans la chambre d'à côté. L'eau qui coulait dans mes yeux, le sang dans mes plaies. Je m’en souvenais.
Qu'était devenu mon mari?
Où était l’homme charmant qui m’avait séduite ?
Qu'avais-je fait pour lui déplaire?
Car c'était sûrement de ma faute. Bien, je dois lui demander pardon. J'avais certainement mal agi, et il m'a punie parce que je le méritais. Je ne recommencerai plus. Et lui non plus me promit-il.
Il s'est excusé, m’a emmenée danser, et m’a apporté des fleurs. Elles étaient si jolies ! Je savais bien qu’il était trop tôt pour mal le juger ! Trop tôt.
Au bureau j’ai prétendu être tombée en prenant ma douche, l'excuse parfaite pour les bleus.
Mon mari m'aimait, je le savais ; il le disait si souvent, ce n'était qu'une erreur. Il n’allait plus recommencer …
… jusqu'à la prochaine dispute. Et là il était devenu plus violent ! Coups de poings, coups de pieds, insultes, gifles. La totale. Cette fois pourtant j'étais sûre de n'avoir rien fait. C’était peut-être le stress au bureau, ce truc peut rendre coléreux, non?
Et puis c'est devenu une habitude. Une routine. Un rituel. Un peu trop de sel dans la nourriture ? Une gifle par-ci. Je parle trop, estimait-il ? Un coup de poing par-là. J'essaie d'avoir des amis ? Je reçois le soin complet.
Tous les jours je compte les heures, je prie, pour qu'il redevienne comme avant mais peine perdue.
Jusqu'à hier soir. Il est rentré en rogne, et sans un mot a commencé à me frapper. J’entendais mes os se briser sous les coups, alors j'ai finalement crié sous la douleur. De toute évidence j’aurais pas dû ! Pour étouffer mes cris il m'a étranglée de ses deux mains. Je suffoquais, mes yeux suppliaient. Rien n’y faisait...
Il m'a prit la vie par amour, non? Devant le prêtre c'est ce qu'il m'avait promis : m'aimer jusqu'à ce que la mort nous sépare... J’en comprenais le sens maintenant. Trop tard.